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CHAPITRE XI.

des places fortes (suite).


Nous venons de parler du rôle des places fortes, passons maintenant à la fixation de leur emplacement. Au premier coup d’œil la question paraît être des plus complexes, mais c’est une erreur car la théorie doit bien se garder ici de toute subtilité inutile, et loin de vouloir traiter chacun des cas multiples qui peuvent se présenter dans la pratique et que, d’ailleurs, les circonstances locales peuvent encore modifier, elle doit se borner à n’aborder le sujet que dans ses lignes fondamentales.

Imaginons, pour traiter cette question, une nation qui, sur l’une de ses frontières, veuille se mettre en garde contre l’éventualité d’une invasion de la part d’une nation voisine. La constitution géographique, sociale et politique du pays fait tout d’abord connaître la contrée qui sera envahie et qui, par suite, deviendra le théâtre des événements militaires. Il est clair que l’on satisfera à toutes les conditions de prudence si l’on fortifie, dans la contrée ainsi désignée, les villes les plus riches et les plus populeuses ainsi que celles qui avoisinent les grandes voies de communication par lesquelles les deux nations sont reliées, et de préfé-