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chap. x. — places fortes.

3o  De petits corps de troupes s’appuyant sur la place, et en tirant protection et sécurité, en battent constamment les environs et peuvent à chaque instant se porter sur l’ennemi, soit pour en rapporter des nouvelles, soit, au cas où celui-ci passerait dans le voisinage, pour le harceler sur ses derrières.

4o  La ligne de bataille pour le rassemblement des troupes cantonnées peut être prise directement en arrière de la place, de façon que l’agresseur ne puisse se porter sur cette ligne sans avoir à redouter l’action de la place sur ses derrières.

Il faut remarquer cependant qu’on ne procède généralement que par surprise à l’attaque d’une ligne de cantonnements. Ce n’est d’ailleurs qu’à ce point de vue que se présente ici la question. Or il va de soi qu’une attaque par surprise atteint bien plus promptement son effet que l’attaque proprement dite d’un théâtre de guerre. Dans de pareilles conditions une place forte dans le voisinage de laquelle on est obligé de passer manque du temps qui lui est nécessaire pour produire toute son action extérieure, et il est par conséquent bien moins indispensable de la bloquer et de la tenir en respect pendant l’opération. En cas de surprise, en effet, la protection d’une place forte, située en avant d’une ligne de cantonnements, ne saurait s’étendre directement aux ailes de cette ligne, pour peu que ces ailes se trouvent 6 ou 8 milles (44 à 60 kilomètres) de distance des ouvrages de la place. Cela est vrai, sans doute, mais de peu d’importance, car nous démontrerons plus tard, quand nous traiterons spécialement de l’offensive, que le but que l’on se propose par la surprise d’une ligne de cantonnements est bien moins atteint par la surprise même des quartiers isolés que par les combats désavantageux que l’on impose ainsi aux corps disséminés de la défense, plus disposés en