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la défensive.

mouvements les 6 000, 8 000 ou 10 000 hommes que la place abrite. Pour maintenir la garnison, l’envahisseur doit donc détacher du gros de son armée et laisser devant la place un nombre d’hommes suffisant pour la bloquer. Dès lors, à moins de se résoudre à considérer ces troupes comme définitivement perdues pour l’attaque proprement dite, il doit s’emparer de la place, et par conséquent en faire le siège.

À partir du début du siège le rôle de la forteresse change, et c’est dès lors son action passive qui entre principalement en jeu.


8o Les places fortes couvrent des cantonnements étendus.


Il va de soi que, par le fait seul de sa présence, une place de moyenne importance ferme l’accès vers des cantonnements placés en arrière d’elle sur une profondeur de 3 à 4 milles (23 à 30 kilomètres). Mais que cette même place en arrive, ainsi qu’il en est si souvent question dans l’histoire des guerres, à l’honneur de couvrir des cantonnements de 15 à 30 milles (110 à 150 kilomètres) d’étendue, cela demande à être expliqué en tant que ce soit vrai.

Il convient de considérer tout d’abord à ce propos ce qui suit :

1o La place, par le fait seul de sa présence, intercepte la grande route sur laquelle elle est située, et couvre effectivement la contrée sur 3 ou 4 milles de largeur (23 à 30 kilomètres).

2o Elle peut être considérée comme un avant-poste dont la force exceptionnelle permet d’exercer sur toute la contrée environnante une surveillance très efficace. Cette surveillance est facilitée, en outre, par les rapports étendus qui existent toujours entre un grand centre de population et les pays voisins.