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la défensive.

On est sur la défensive dans un combat, quand on attend de pied ferme le choc de l’ennemi sur le point où l’on s’est formé ; — dans une bataille, quand on attend que l’armée opposée vienne affronter les positions que l’on occupe et le feu des troupes que l’on commande ; — dans une campagne enfin, quand on attend l’envahissement du théâtre de guerre dont on a fait choix.

Jusque-là la défense n’est nullement en contradiction avec la nature même de la guerre, car on peut trouver son avantage à attendre l’ennemi sur un terrain, sur des positions ou sur un théâtre d’opérations dont on connaît les ressources et que l’on a étudiés et préparés d’avance. Mais dès que la résistance proprement dite a accompli son œuvre, et en raison de ce que pour conserver sa part de direction dans la conduite de la guerre le défenseur doit de toute nécessité rendre à l’attaquant les coups qu’il en a reçus, il se produit aussitôt une action offensive de la part de la défense elle-même.

L’action défensive comporte donc des actes offensifs à chacun de ses degrés, qu’il s’agisse de combats, de batailles ou de campagnes. Dans une bataille défensive on peut, par exemple, employer offensivement ses divisions isolées. Il ne faudrait donc pas se représenter cette forme de la guerre comme un bouclier, mais bien comme une arme aussi propre à la riposte qu’à la parade.


2o  avantages de la défensive.


Le but de la défensive est la conservation, par opposition à celui de l’offensive qui est la conquête. Or il est plus facile de conserver que d’acquérir. En supposant les moyens égaux la défense est donc plus facile que l’attaque. En effet toute omission, toute hésitation, toute erreur, toute perte de temps en un mot de la