Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
de la stratégie en général.

toire ultérieure. Nous nous contentons, pour le moment, d’avoir appelé l’attention du lecteur sur l’existence incontestable de cette progression ; mais c’est là une question à laquelle son importance nous contraindra à revenir dans la suite de cette étude.

Il est enfin une troisième considération à faire valoir au même sujet. C’est qu’alors que l’emploi successif des forces repousse toujours la décision principale à la fin de l’acte tactique, leur emploi simultané a fréquemment pour conséquence d’amener, sinon nécessairement une décision capitale, du moins des résultats considérables, dès les commencements de l’action stratégique.

Nous croyons avoir ainsi démontré qu’une réserve stratégique doit avoir un but déterminé, et que, hors ce cas, il est d’autant moins nécessaire, d’autant moins utile et d’autant plus dangereux d’en former une, qu’on ne lui peut assigner qu’une destination plus générale, et par conséquent moins précise.

Enfin le point où l’idée d’une réserve stratégique devient absolument illogique est facile à déterminer. Ce point se trouve nécessairement en deçà de la décision principale. On ne saurait, en effet, faire concourir de trop nombreuses forces à ce résultat capital ; il serait donc absurde d’en réserver une partie dans l’intention de ne l’employer qu’ultérieurement.

On voit donc que si, par le judicieux emploi de forces conservées en réserves, on réussit parfois, dans la tactique, non seulement à contrecarrer les dispositions imprévues de l’ennemi, mais encore à se rendre favorable, quand il est indécis ou paraît compromis, le résultat toujours incertain du combat, c’est là, par contre, un moyen auquel, pour le moins dans la recherche de la décision principale, on ne doit jamais recourir dans la stratégie. Il convient, dès lors, dans la