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de la stratégie en général.

du défaut d’énergie ou de l’épuisement. Bref, il est en proie à mille et mille impressions dont le plus grand nombre, alors que quelques-unes à peine le peuvent encourager, tendent à le rendre inquiet, soucieux et perplexe. Il faudrait ici, tout à la fois, la plus rare expérience de la guerre pour discerner rapidement la valeur réelle de chacune de ces impressions, et une force de caractère non moins exceptionnelle pour leur résister ainsi que fait le rocher à l’assaut des vagues. Leur céder serait, cependant, rendre toute entreprise impossible. Une persévérance inébranlable dans la poursuite de la résolution tout d’abord prise devient donc, ici, un contrepoids nécessaire, aussi longtemps, du moins, que l’apparition de considérations nouvelles absolument décisives n’en décide pas autrement. Il faut ajouter, enfin, qu’on ne peut réaliser d’entreprises glorieuses à la guerre, qu’au prix de fatigues, de privations et d’efforts sans nombre, auxquels la faiblesse morale et physique de l’homme le porte incessamment à se soustraire, et que, par conséquent, le but ne peut être atteint qu’à force de volonté, d’énergie et de persévérance.