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les forces armées.

donne au tir sinon plus de portée, du moins plus de précision.

Nous n’avons pas à étudier ici comment ces trois causes se combinent dans le combat ; mais comme on ne marche et n’observe pas moins dans la stratégie que dans la tactique, il est clair que la première de ces deux formes de la science militaire est en situation de tirer les mêmes avantages que la seconde de la difficulté que le commandement du terrain impose aux abords, ainsi que de la supériorité qu’il donne à la vue.

Ce sont bien là, en effet, les éléments qui constituent la force des positions surélevées et qui inspirent le sentiment instinctif de supériorité et d’assurance qui anime celui qui, placé sur la crête des montagnes, voit son adversaire à ses pieds, et le sentiment de faiblesse et d’inquiétude qu’éprouve celui qui se trouve dans la situation inverse.

Des deux côtés cette impression morale est vraisemblablement plus forte qu’elle ne devrait être, par la raison que les avantages qu’offre une position dominante frappent plus intuitivement l’esprit que ne le font les circonstances qui modifient ces avantages ; mais le commandement du terrain trouve précisément un nouvel élément de force dans cet effet de l’imagination.

La facilité des mouvements est loin d’être absolue, cependant, pour celui qui occupe une hauteur, parfois même elle n’est pas de son côté, et il n’en jouit complètement que lorsque l’ennemi marche dans sa direction. Elle disparaît lorsqu’une grande vallée sépare les deux adversaires ; et lorsqu’ils en viennent aux mains dans la plaine, elle n’existe que pour celui qui occupe les parties inférieures du terrain (bataille de Hohenfriedberg).