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les forces armées.

dans un pareil milieu de réunir toutes les troupes pour le combat, du moins on n’a pas besoin de les disperser autant que cela devient généralement nécessaire dans les montagnes et dans les pays très coupés. En d’autres termes, dans une contrée très boisée le morcellement est plus inévitable mais moins grand que dans les autres espèces de terrain.

Dans les montagnes l’obstacle au mouvement domine et produit un double effet : 1o  on ne peut passer partout ; 2o  là où on peut passer on ne le peut faire que plus lentement et au prix de plus grands efforts. Il en résulte que les mouvements perdent beaucoup de leur vitesse et que l’action générale demande beaucoup plus de temps.

Mais il est encore une autre particularité qui distingue ce genre de terrain, c’est que dans les montagnes il est peu de points qui ne soient commandés par un ou plusieurs autres. Nous consacrerons le chapitre suivant au développement de cette question ; mais nous devons faire remarquer dès à présent que c’est là ce qui exige le plus grand morcellement des troupes en pays montagneux, en ce que chaque point n’y a pas uniquement de valeur par lui-même, mais bien encore en raison de l’influence qu’il exerce sur les points voisins.

Nous avons déjà dit autre part que là où se présente un excès de l’une de ces trois constitutions de terrain, l’influence personnelle du général en chef sur le résultat diminue dans la mesure même de l’aptitude particulière que, d’un bout à l’autre de l’échelle hiérarchique, ses subordonnés, et particulièrement les officiers des grades inférieurs et les hommes de troupe, apportent au genre spécial de lutte qu’impose le terrain. Plus les troupes sont disséminées, en effet, et plus les individualités d’ordre subalterne se trouvent abandonnées à