Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
les forces armées.

jours facilement et souvent des gens qui accepteront et appuieront cette manière de voir.

Pour nous, quelle que soit et d’où que provienne la force ou la faiblesse d’une base d’opérations, nous reconnaissons tout d’abord l’influence générale qu’elle doit exercer sur les entreprises, mais nous n’admettons pas qu’il soit possible d’établir à ce sujet une formule applicable à la généralité des cas, et nous croyons que ne perdant jamais de vue ce que nous venons de dire de la diversité des circonstances qui se peuvent présenter, il faut s’en tenir à être prêt à agir dans chaque cas particulier selon que les circonstances l’exigent ou le permettent.

Dès que les dispositions qui doivent assurer le service des subsistances et l’arrivée des renforts d’une armée ont été prises sur certaines contrées et en vue d’une certaine direction, que ce soit d’ailleurs en terrain national ou en pays ennemi, ces contrées doivent être considérées comme constituant la base d’opérations de l’armée et comme devant désormais foncièrement en faire partie. En effet, tout changement apporté à ces premières dispositions ne peut plus dès lors se produire sans dépense de temps et de force, de sorte que même en territoire national, ne pouvant changer sa base d’un jour à l’autre, une armée ne dispose jamais d’une liberté absolue quant à la direction de ses opérations.

Il découle de là que dès que l’on a franchi la frontière qui sépare le territoire national de celui de l’ennemi, ce n’est que d’une façon très générale et nullement en se plaçant au point de vue de chaque entreprise isolée, que l’on doit considérer cette frontière comme constituant dans son entier la base des opérations de l’armée. En effet, s’il est parfois possible de prendre toutes les dispositions administratives nécessaires sur la totalité de l’étendue du territoire national confinant à la fron-