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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

qu’il ne saurait plus dès lors être question de la répartir en cantonnements ou de faire marcher ses colonnes sur un front d’une certaine étendue.

Enfin en pareil cas la mauvaise volonté et la résistance des habitants se manifestent bien vite par l’hostilité des rapports que l’on a avec eux, et l’on n’est plus en mesure d’exiger la livraison des réquisitions dont on les frappe par la présence des détachements que l’on employait précédemment à ce service. On est donc généralement forcé de n’effectuer le mouvement rétrograde que par les routes seules sur lesquelles on a établi les lignes de retraite et de communications.

C’est ainsi qu’en 1812 lorsque Bonaparte se retira de Moscou, il dut de toute nécessité opérer sur la route même par laquelle s’était effectuée sa marche en avant. Si au lieu d’agir ainsi il eût donné plusieurs voies de retraite à ses troupes, il les eût incontestablement exposées à une perte plus inévitable et plus prompte encore.

L’Empereur n’a donc, de ce fait, commis aucune faute, et il est absolument impossible de comprendre sur quoi repose le blâme que les écrivains, tant français qu’étrangers, lui adressent à ce sujet.


4e mode. — Réunir dans des magasins de dépôt la généralité des objets d’alimentation et les en tirer au fur et à mesure des besoins de l’armée.


Nous avons vu précédemment que les deux systèmes d’alimentation basés l’un sur les réquisitions régulières fournies directement par le pays occupé, l’autre sur l’accumulation générale des vivres dans des magasins de dépôt, en arrivent peu à peu à se rapprocher si fort l’un de l’autre dans certaines circonstances,