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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

pèse en pareil cas sur la généralité de la population et la crainte des punitions et des mauvais traitements auxquels l’inexécution des ordres reçus l’exposerait, exercent seuls déjà une très salutaire influence sur son obéissance.

On conçoit qu’il n’entre pas dans nos idées de donner ici le détail des dispositions que doit prendre le service des subsistances, pas plus que d’exposer le mécanisme complet de l’action de l’intendance ; nous n’avons, en effet, à nous occuper que des résultats.

Or ces résultats, que le simple bon sens peut déduire de l’étude générale du sujet, ont en outre été confirmés par l’expérience des guerres qui ont suivi la Révolution française, et se résument dans les conclusions suivantes :

L’armée la plus considérable, lorsqu’elle transporte avec elle des vivres de réserve en quantité suffisante pour être en mesure pendant quelques jours et sans ressources auxiliaires de suffire, en cas d’urgence, à la subsistance de ses troupes, peut dès lors poursuivre ses opérations sans crainte d’éprouver jamais d’embarras sérieux au sujet des vivres nécessaires à sa consommation journalière. Elle peut avoir la certitude qu’il y sera toujours pourvu en temps suffisant, au moyen des contributions qu’elle frappera sur chaque contrée au moment même où elle y pénétrera. Ces réquisitions atteindront en effet chaque jour des zones plus étendues, et chaque jour seront exécutées sous la responsabilité et par les soins d’autorités d’un rang de plus en plus élevé.

Cette manière de procéder ne rencontre de limites que dans l’appauvrissement, la dévastation ou la ruine du pays. Or, en raison même de ce que l’armée séjourna plus longtemps sur une même contrée, la direction de la rentrée des contributions passe dans les mains des