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CHAPITRE V.

vertu guerrière de l’armée.


La vertu guerrière est distincte du courage, bien que celui-ci en constitue une partie essentielle. On saurait encore moins la confondre avec l’enthousiasme pour la cause de la guerre.

Dans l’homme, en général, le courage est une qualité naturelle, un don de naissance ; chez le soldat, membre de l’armée, il peut, en outre, s’acquérir par l’exercice et par l’habitude. Dans ce dernier, d’ailleurs, le courage suit une direction très différente, et, perdant tout instinct d’allure libre et de dépense déréglée de forces, doit se soumettre aux exigences de la discipline, de l’ordre, du règlement et de la méthode.

Quant à l’enthousiasme pour la cause de la guerre, bien que ce ne soit nullement l’un des principes constitutifs de la vertu guerrière, il est incontestable qu’il en augmente considérablement le degré et la puissance effective, lorsqu’il anime les troupes d’une armée.

À quelque point de vue qu’on la considère, et alors même que, dans une nation, la totalité des citoyens en état de porter les armes seraient appelés à y prendre part, la guerre est et restera toujours une fonction spéciale, absolument distincte et séparée des autres fonctions de la vie sociale.