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CHAPITRE XIV.

de l’alimentation des troupes.


Bien que l’histoire relate qu’au moyen âge et même à des époques plus reculées, on a vu des armées numériquement égales et parfois supérieures aux armées modernes, ce ne furent jamais là que des phénomènes aussi rares qu’exceptionnels. Depuis le règne de Louis XIV au contraire, les armées ont invariablement présenté des effectifs de guerre très considérables. La question de l’alimentation des troupes a donc aujourd’hui plus d’importance et, par les raisons qui vont suivre, présente d’ailleurs de plus grandes difficultés qu’autrefois. Jadis, en effet, les guerres se composaient d’une quantité d’entreprises isolées, sans suite, indépendantes les unes des autres, et séparées par de longs entr’actes pendant lesquels, bien que les relations politiques restassent rompues, l’action militaire était pour ainsi dire absolument suspendue. Comme d’un commun accord, les armées opposées s’éloignaient alors suffisamment l’une de l’autre pour que, sans autres soucis désormais, chacune pût veiller uniquement à ses propres besoins.

Depuis la paix de Westphalie, les gouvernements ont cherché à donner plus de régularité et d’ensemble à l’action de leurs armées à la guerre. Tout fut désor-