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chap. xiii. — des cantonnements.

mouvement de concentration dès la première nouvelle de l’arrivée de Bonaparte et de la mise en marche des corps français.

On n’en doit pas moins remarquer que l’armée prussienne aurait pu se trouver réunie à Sombref avant l’attaque de l’ennemi. Il est vrai que Blücher reçut le 14 pendant la nuit, et par conséquent 12 heures avant que le général Ziethen ait été réellement attaqué, la nouvelle de la marche des Français ; mais néanmoins l’ordre de se porter sur Namur ne parvint au général Thielmann, à Ciney, que le 15 à 9 heures du matin, c’est-à-dire lorsque les troupes du général Ziethen étaient déjà toutes engagées.

Ce dernier dut donc se borner à réunir son corps par divisions, et fit en 24 heures les 6 milles 1/2 (46 kilomètres) qui le séparaient de Sombref. Le général Bulow fût pareillement arrivé en temps utile sur le point de concentration si les ordres lui fussent parvenus plus tôt.

Heureusement Bonaparte ne fut en mesure d’attaquer à Ligny que le 16 à 2 heures de l’après-midi, ce à quoi contribua certainement la crainte que lui causait le danger de se placer entre Wellington d’un côté et Blücher de l’autre. La disproportion numérique qui existait entre l’armée française et les armées alliées exerça donc ici son influence. Néanmoins on voit par là quelle circonspection et quelle lenteur des circonstances tant soit peu compliquées imposent inévitablement même au général le plus résolu.

Une partie des considérations que nous venons d’exposer appartiennent évidemment plutôt à la tactique qu’à la stratégie. Nous avons cependant préféré sortir quelque peu de notre cadre habituel et ne pas courir le risque de n’être qu’imparfaitement compris.