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les forces armées.

l’exécution, et que par suite l’armée perdra pendant tout ce temps la majeure partie de ses moyens d’action. Il résulte de là que c’est seulement dans les trois cas suivants qu’une armée peut être entièrement répartie en cantonnements :

1o Alors que l’ennemi le fait lui-même.

2o Lorsque l’état de l’armée rend cette mesure absolument nécessaire.

3o Enfin lorsqu’il s’agit de défendre directement une position très forte, et qu’il suffit par conséquent d’être toujours en situation d’y concentrer les troupes en temps utile.

La campagne de 1815 fournit un exemple très remarquable de la concentration d’une armée répartie dans des cantonnements. Le général Ziethen qui commandait les 30 000 hommes d’avant-garde de Blücher, avait pris position près de Charleroi, à 2 milles (15 kilomètres) de Sombref où il avait été décidé que se produirait la concentration de l’armée prussienne. Les cantonnements les plus éloignés s’étendaient jusqu’à environ 8 milles (59 kilomètres) de cette dernière ville, d’un côté au delà de Ciney et de l’autre jusqu’à Liège. Néanmoins les troupes cantonnées à Ciney se trouvèrent réunies sur le point de concentration plusieurs heures avant le commencement de la bataille de Ligny, et il en aurait été de même du corps de Bulow cantonné près de Liège, s’il n’eût été retardé par des circonstances fortuites et par la mauvaise organisation du service des correspondances.

Il est incontestable que l’on n’avait pas pris les dispositions suffisantes pour assurer la sécurité de l’armée. Le fait que l’ennemi occupait lui-même des cantonnements très étendus peut cependant justifier qu’on ait tout d’abord laissé l’armée prussienne si peu concentrée. La vraie faute a été de ne pas avoir commencé le