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les forces armées.

dès que l’on entre dans la période d’action décisive et tant qu’on n’en est pas sorti.

On ne saurait vraiment s’étonner de ce que les armées aient été si rarement réparties en cantonnements pendant les campagnes des vingt-cinq dernières années.

Ces campagnes ont toutes été menées avec une si prodigieuse énergie, une activité si incessante et une dépense si illimitée des forces, qu’elles ont toujours été de courte durée, et qu’il leur a rarement fallu l’espace d’une année, et la plupart du temps quelques mois seulement, pour parvenir à ce point critique où le vainqueur s’arrêtait de lui-même épuisé par sa propre victoire si déjà le vaincu n’avait demandé un armistice ou imploré la paix. Il va de soi que dans de semblables conditions il ne pouvait être que bien rarement question de prendre des cantonnements. Dans la victoire comme dans la défaite, dans la poursuite comme dans la retraite, les troupes devaient généralement bivouaquer à l’endroit même où la fatigue, arrivée à son comble, imposait forcément chaque jour un temps d’arrêt à la rapidité de l’action.

Par contre on peut regarder comme certain qu’à l’avenir, dès que pour un motif quelconque la conduite de la guerre sera moins emportée, c’est-à-dire dans les campagnes où il se présentera plus d’équilibre et plus d’égalité dans les forces opposées, le placement des troupes sous des abris et dans des locaux deviendra un sujet capital d’attention. Ce besoin prendra dès lors une certaine influence sur la conduite même de la guerre. On cherchera d’un côté, en effet, en couvrant l’armée par des avant-gardes et des avant-postes tout à la fois plus considérables et plus éloignés, à augmenter la sécurité des cantonnements et à gagner le temps nécessaire aux mouvements de concentration ; de l’autre, on ne tiendra plus uniquement compte des avantages tac-