Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
les forces armées.

hygiéniques, et l’on ne saurait, en bonne justice, attribuer ces maladies au manque d’air et de mouvement, lorsqu’il est si facile de procurer l’un et l’autre aux troupes par des exercices fréquents.

Cantonné ou baraqué le soldat est tranquille et abrité ; dans les marches, au contraire, il est soumis à l’influence de fatigues incessantes ainsi qu’à tous les changements atmosphériques ; son organisme est donc toujours plus ou moins troublé, plus ou moins chancelant. Que le soldat tombe malade, quelle énorme différence n’exercera pas sur les suites de sa maladie le fait qu’il se trouve dans la première ou dans la seconde de ces situations ? Campé ou cantonné on le portera aussitôt au village voisin où il recevra des soins immédiats ; en marche, au contraire, il restera de longues heures dans la boue ou dans la poussière, exposé à l’humidité, à la pluie, au froid ou aux rayons brûlants du soleil ! Il lui faudra alors, haletant, fiévreux, se coucher sur le sol, ou, s’il lui reste encore assez de forces, se traîner péniblement sur une route interminable !

Combien d’indispositions qui eussent été passagères dans le premier cas ne deviendront-elles pas graves dans le second ; combien de maladies, graves au camp ou dans les cantonnements, ne deviendront-elles pas mortelles pendant les marches ?

Quelle déperdition de forces, que de sueurs, que de fatigues coûtent les marches les plus courtes à la guerre, pendant les grandes chaleurs de l’été, alors que les colonnes disparaissent dans les nuages de poussière qu’elles soulèvent ! combien d’hommes torturés par la soif se précipitent sur la première source d’eau fraîche et y boivent la maladie et la mort !

On ne saurait cependant conclure des considérations que nous venons d’émettre, que nous soyons d’avis