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chap. xi. — des marches.

la mise en marche des dernières divisions se produise dès que l’écoulement des premières est achevé.

Il faut avouer cependant que cette manière de procéder augmente encore la durée générale des marches, et cela en raison de l’effectif des colonnes, sans néanmoins diminuer sensiblement la fatigue des troupes. Il ne sera que très rarement possible d’agir ainsi pour la marche d’une division isolée, c’est-à-dire de n’en rassembler et de n’en mettre les brigades que successivement en route, et c’est encore là une des raisons qui nous ont porté à prendre la division pour unité.

Dans les marches de longue haleine, lorsque les troupes se rendent d’un cantonnement dans un autre et parcourent les routes par détachements isolés et sans point général de concentration journalière, ces détachements sont sans doute en état de parcourir chaque jour des espaces plus considérables, et c’est d’ailleurs ce qui se produit, mais sans profit pour la marche générale par suite des détours qu’il faut faire pour arriver chaque soir aux différents gîtes d’étape et en repartir le lendemain matin.

Quant aux marches dans lesquelles les troupes doivent chaque soir se concentrer en divisions ou en corps d’armée, et se répandre par conséquent ensuite sur une grande surface de cantonnements, elles sont de beaucoup les plus longues et les plus fatigantes. Aussi ne saurait-on les conseiller que dans les contrées les plus riches et quand il ne s’agit pas de très grandes masses de troupes. Ce n’est que dans ces conditions, en effet, que par l’abondance et la supériorité des vivres et des gîtes, on peut espérer donner au soldat de quoi compenser l’énormité des efforts que l’on exige de lui. L’armée prussienne suivit incontestablement un système vicieux dans sa retraite en 1806, lorsque, dans le but de faciliter la subsistance de ses troupes, elle les