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chap. x. — des marches.

de l’infanterie des deux lignes répartie en infanterie de droite et infanterie de gauche. On marchait nécessairement alors dans l’un des quatre ordres suivants :

1o Les quatre colonnes la droite en tête ;

2o Les quatre colonnes la gauche en tête ;

3o Les deux colonnes de droite la droite en tête et les deux colonnes de gauche la gauche en tête ;

4o Les deux colonnes de droite la gauche en tête et les deux colonnes de gauche la droite en tête.

C’était, dans le dernier cas, former la colonne double sur le centre.

Bien qu’en adoptant l’un de ces quatre modes on eût en vue d’en obtenir la facilité, la justesse et la promptitude de la prochaine formation en bataille, ils répondaient fort peu, en somme, à cette intention. Prenons-en pour exemple la marche qui conduisit le grand Frédéric sur le champ de bataille de Leuthen. Son armée s’avançait sur une ligne de quatre colonnes la droite en tête. Le hasard voulut que lorsque le Roi rencontra les Autrichiens, ce fut précisément sur leur aile gauche qu’il trouva opportun d’opérer. C’est ce qui explique la grande facilité avec laquelle son armée se forma à gauche en bataille par ligne, mouvement que les historiens ont tant admiré. Mais si au contraire le Roi eût voulu tourner les Autrichiens par leur aile droite, il eût naturellement dû tout d’abord exécuter une contre-marche, comme il le fit à Prague.

Si déjà à cette époque l’ordre de marche que l’on donnait aux colonnes ne répondait que par hasard au but que l’on recherchait en l’adoptant, il serait vraiment puéril aujourd’hui d’y attacher de l’importance.

On ne connaît pas plus qu’alors, en effet, l’endroit où l’on aura à combattre sur la direction que l’on suit, et d’ailleurs, grâce au fractionnement organique actuel des