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les forces armées.

deux autres, sans qu’il résulte de ce fait un désavantage sensible. Il en est de même pour le cas renversé d’une marche de flanc. Ici se place aussi la question de la marche des colonnes la droite ou la gauche en tête. Cela n’offre aucune difficulté pour les marches de flanc ; il est tout simple, en effet, de rompre à droite pour marcher vers la droite et de rompre à gauche pour marcher vers la gauche. Il semblerait tout naturel aussi que, dans les marches en avant et en retraite, l’ordre de marche fût pris en raison du rapport de la situation des routes avec l’emplacement présumable de la prochaine ligne de bataille sur laquelle on s’arrêtera. Mais si cela peut se produire tactiquement dans beaucoup de cas, en raison de ce que le cercle d’action de la tactique est peu étendu et que par suite les rapports géométriques y sont plus faciles à embrasser, cela est stratégiquement impossible, et si, tantôt ici et tantôt là, nous avons vu affirmer une certaine analogie à ce sujet entre la stratégie et la tactique, ce n’a jamais été que pure pédanterie. Bien qu’autrefois l’ordre de marche tout entier ne fût qu’une chose absolument tactique, en ce sens que l’armée en marche formait toujours un tout inséparable et ne pouvait jamais offrir qu’une bataille générale, néanmoins lorsque Schwerin s’éloigna le 5 mai de la province de Brandeis, ce général ne pouvait savoir d’avance qu’il aurait à se former à droite ou à gauche en bataille sur le prochain terrain où il rencontrerait l’ennemi, et ce fut précisément ce qui le força à exécuter la célèbre contre-marche dont on a tant parlé.

Dans l’ancien ordre de bataille, quand une armée marchait à l’ennemi sur quatre colonnes, la cavalerie des deux lignes était toujours placée sur les ailes et formait invariablement les deux colonnes extérieures, tandis que les deux colonnes intérieures se composaient