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chap. x. — des marches.

pour que l’on puisse combattre, on prend grand soin, aujourd’hui, que chaque grande subdivision constitue toujours par elle-même une unité de combat. Alors par exemple que deux divisions sont formées de telle façon que l’une se trouve placée, comme réserve, derrière l’autre dans l’ordre en bataille, s’il faut les faire marcher perpendiculairement à l’ennemi sur deux chemins, on se garde bien de les partager sur les deux chemins, mais on leur assigne sans hésitation un chemin à chacune, les faisant ainsi marcher toutes deux à la même hauteur, et abandonnant à chaque général de division le soin de se former une réserve propre en cas d’engagement.

L’unité du commandement a, en effet, bien autrement d’importance que le rapport géométrique originaire. Si ces divisions arrivent alors sans avoir à combattre sur la nouvelle position qui leur est assignée, elles reprennent aussitôt leurs anciens rapports. Il peut aussi se présenter que deux divisions placées l’une à côté de l’autre dans l’ordre en bataille aient à faire une marche de flanc sur deux routes parallèles. Il faut de même ici, se gardant bien de laisser chaque division conserver sa réserve en seconde ligne, assigner une route à chaque division entière, et, par suite, pendant toute la durée du mouvement considérer l’une des divisions comme la réserve de l’autre. En suivant toujours le même principe, si une armée de quatre divisions, dont trois placées sur le front et la quatrième en réserve, doit marcher perpendiculairement à l’ennemi dans cet ordre, il est naturel d’assigner une route à chacune des trois premières divisions, et de faire suivra la division de réserve par la route du milieu. Si les trois routes ne se trouvent pas placées à des distances convenables les unes des autres, on peut encore, sans hésitation, en négliger une et ne s’avancer que sur les