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les forces armées.

produisaient sous la direction personnelle du commandant en chef et selon son inspiration immédiate ; les marches seules demandaient à être laborieusement conçues. Les rôles sont intervertis désormais, l’ordre de bataille seul exige de sérieuses méditations, tandis que les troupes sont toujours en situation de se mettre en marche au premier signal.

On sait que les marches se divisent en marches perpendiculaires et en marches parallèles. Ces dernières, que l’on nomme aussi marches de flanc, changent la situation géométrique des fractions de l’ordre de bataille. Celles de ces fractions qui, en position ainsi que dans les marches en avant et en retraite, sont à côté les unes des autres, se trouvent, dans les marches de flanc, les unes derrière les autres et réciproquement. Bien que la direction de la marche puisse parfaitement être prise sur chacun des degrés de l’angle droit et être, par conséquent, plus ou moins perpendiculaire ou parallèle, le mouvement en lui-même doit toujours formellement tenir de l’un ou de l’autre des deux modes de marche. La tactique pourrait seule produire l’exécution rigoureuse de ce changement géométrique des fractions de l’ordre de bataille, et encore n’y arriverait-elle qu’au moyen de la marche de flanc par files, ce qui est impraticable sur de grandes masses. La stratégie en est absolument incapable. Dans l’ancien ordre de bataille c’étaient les ailes et les lignes qui changeaient leurs rapports géométriques ; dans le nouveau ce sont généralement les subdivisions de premier ordre (corps d’armées, divisions ou brigades) qui sont soumises à cette condition, selon le mode de partage de l’armée. Mais les conséquences que nous avons déjà tirées plus haut du nouvel ordre de bataille exercent ici encore leur influence. Comme il n’est plus aussi nécessaire qu’autrefois que l’armée entière soit réunie