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les forces armées.

il n’y avait encore d’autre unité de combat que l’armée elle-même.

Dans les marches de flanc, la seconde ligne, pour rester à la distance convenable, c’est-à-dire à 1 500 ou 1 800 mètres de la première, devait donc être conduite avec une connaissance parfaite du terrain, et de toute nécessité par monts et par vaux. Où trouve-t-on, en effet, deux routes parallèles courant à si peu de distance l’une de l’autre ? Les mêmes difficultés se présentaient pour la cavalerie des ailes lorsqu’on marchait perpendiculairement à l’ennemi. Quant à l’artillerie, sa marche n’était pas plus facile à régler. Il fallait nécessairement la faire avancer à part, sous la protection d’une certaine quantité de troupes à pied. Sa présence dans les lignes eût, en effet, porté le désordre dans les distances de l’infanterie et allongé les colonnes déjà si lourdes de cette arme, qui devait cependant être constamment en état de former deux lignes ininterrompues. Il suffit de lire l’histoire de la guerre de Sept Ans dans l’ouvrage de Tempelhof, pour se convaincre de toutes les difficultés et des entraves que les dispositions de marche apportaient alors à la conduite de la guerre.

Depuis cette époque, l’art militaire moderne a doté l’armée d’un fractionnement organique dans lequel chaque élément de premier ordre (corps d’armée ou division) constitue une unité complète et est en état d’agir dans son indépendance propre comme l’armée entière pouvait seule le faire autrefois, à cette différence près que l’action de cette dernière reste naturellement susceptible d’une plus longue durée. Depuis lors, même lorsqu’on se propose de livrer un combat général, on n’a plus besoin de maintenir toutes les colonnes de l’armée à proximité les unes des autres, dans le but de les pouvoir concentrer dès avant l’enga-