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chap. x. — des marches.

guerre et tant qu’elles sont encore suffisamment éloignées de la zone des hostilités, on fait suivre à leurs colonnes les grandes routes les plus directes, en les faisant coûte que coûte camper ou cantonner à proximité et le moins mal que faire se peut.

Que les marches appartiennent d’ailleurs à l’une ou l’autre des deux catégories, il est de principe général d’art militaire moderne que dès qu’elles ont lieu dans la zone même ou à proximité de la zone des opérations militaires, c’est-à-dire lorsqu’il est le moins du monde possible qu’elles soient inquiétées par l’ennemi, les différentes colonnes doivent être organisées de telle sorte que chacune d’elles soit toujours en état de soutenir un combat indépendant. On arrive à ce résultat en faisant entrer les trois armes dans leur composition, en subdivisant organiquement les troupes dont elles sont formées, et en confiant la direction de chaque colonne isolée à un commandement supérieur judicieusement choisi. On voit par là le grand profit que l’ordre de marche tire immédiatement du fractionnement de l’ordre de bataille moderne, à la fixation duquel cette considération a puissamment contribué elle-même dans le principe.

Lorsqu’au milieu du siècle dernier, et particulièrement dans les campagnes de Frédéric II, on commença à regarder la mobilité des troupes comme le véritable principe du succès à la guerre, et à chercher la victoire dans l’imprévu et dans la rapidité des mouvements, on dut, en raison du fractionnement organique de l’ancien ordre de bataille encore en usage, soumettre les marches aux dispositions préliminaires les plus savantes et les plus compliquées.

Alors comme aujourd’hui, pour exécuter un mouvement à proximité de l’ennemi, il fallait être prêt à combattre ; il fallait donc que toute l’armée fût réunie, car