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les forces armées.

à-dire moins la masse de troupes que l’on réunira en une seule colonne sera grande, et plus la marche de cette colonne répondra aux conditions de facilité et de précision qu’elle doit remplir.

On doit donc avoir recours, pour les marches, à un mode de fractionnement en colonnes qui, bien qu’il puisse souvent être le même que celui qui résulte de la nécessité de partager l’ordre de bataille en grandes subdivisions indépendantes les unes des autres, peut aussi, selon les circonstances, en être tout différent. De grandes masses de troupes que l’on veut concentrer sur une position déterminée doivent nécessairement se fractionner pour s’y rendre, de même qu’une armée répartie primitivement sur un certain nombre de positions isolées ne peut se mettre en marche qu’en un nombre au moins égal de colonnes distinctes.

Dans toutes les circonstances de mouvement on doit viser plus particulièrement à remplir celle des deux conditions essentielles des marches qui répond le plus directement au but à atteindre. Si, par exemple, n’ayant aucune crainte d’être attaqué, on ne recherche dans la position sur laquelle on se dirige que l’occasion d’y donner du repos à l’armée, on s’attache particulièrement à la commodité des troupes pendant la marche, et on les fait marcher alors sur les routes les meilleures et les mieux tracées, choisissant, selon le cas, tantôt les routes en vue des camps ou cantonnements, et tantôt les camps et cantonnements en vue des routes. Si au contraire on s’attend à une bataille, comme il importe dès lors d’atteindre le point voulu avec la plus grande somme possible de forces, on ne se fait plus scrupule, dirigeant les troupes par la ligne la plus courte, de leur faire suivre les chemins de traverse les plus difficiles.

Lorsque des troupes se rendent sur le théâtre de la