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chap. ix. — des camps.

peut tirer de ce mode de campement ne saurait entrer en ligne de compte avec les difficultés que l’énorme transport qu’il comporte impose, tout à la fois, à la rapidité et à la prolongation des mouvements ; puis, dans une armée de 100 000 hommes par exemple, on préfère remplacer les 6 000 bêtes de bât nécessaires au transport des tentes, par un supplément de 5 000 cavaliers ou de 100 à 200 bouches à feu.

Cette réforme a eu deux conséquences immédiates : une consommation d’hommes beaucoup plus grande, un appauvrissement beaucoup plus rapide du pays occupé par les troupes.

Quelque incomplet que soit, en effet, l’abri que présente une méchante toile, on ne saurait méconnaitre qu’en enlevant cet abri aux troupes, on les prive à la longue d’un grand soulagement. S’il ne s’agissait que de quelques nuits, la différence serait peu sensible parce que la tente n’abrite qu’imparfaitement du froid et de l’humidité ; mais lorsque les troupes doivent bivouaquer deux ou trois cents fois par an, si petite que soit cette différence elle devient importante par la fréquence même de sa répétition. Il en résulte bien vite de nombreux cas de maladie et, par conséquent, une perte d’hommes beaucoup plus considérable.

Quant au plus grand appauvrissement du pays par suite du bivouaquement habituel des troupes qui l’occupent, cette conséquence est trop naturelle pour qu’il soit nécessaire d’en exposer ici les raisons.

Ce serait cependant une erreur de croire que ce que l’action guerrière a gagné de force d’un côté à la suppression des tentes, elle l’a perdu de l’autre en raison des deux conséquences défavorables que nous venons d’énoncer, et que pour éviter, en partie du moins, ces deux inconvénients, l’on dût prendre dès lors des cantonnements plus fréquents et plus prolongés qu’aupa-