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les forces armées.

le calcul, que dans la première supposition l’ennemi n’arrivera que très difficilement à repousser l’avant-garde et à pouvoir attaquer le gros de l’armée dans la même journée. Or comme on gagne ainsi une nuit entière, on voit quel avantage il y a à se couvrir d’une avant-garde portée aussi loin en avant que la prudence le peut permettre.

Ne perdons pas de vue, néanmoins, que même dans la seconde supposition l’ennemi devra entrer en action dès la première partie de la journée, s’il veut arriver le même jour à repousser l’avant-garde et à livrer bataille avant que la nuit ne s’y oppose.

Quant aux corps couvrants des ailes, nous avons déjà dit quelle était leur mission. Dans la plupart des cas leur résistance ne saurait retarder que très momentanément l’action générale de l’armée. Le mieux est de les considérer comme des sortes d’avant-gardes latérales, placées tout à la fois en avant et sur les ailes de l’armée. Leur mouvement rétrograde ne peut se produire qu’obliquement, d’où il résulte que l’armée n’a pas autant de facilité pour les recueillir qu’alors qu’il s’agit d’une avant-garde proprement dite. Ils se trouveraient donc, par cela seul, exposés à de plus grands dangers si la force d’impulsion de l’ennemi n’était pas elle-même généralement plus faible sur les ailes que sur le centre. D’ailleurs, dans les circonstances les plus défavorables ces corps ont l’espace nécessaire pour prolonger, sans compromettre directement par là le gros de l’armée, leur mouvement de retraite plus longtemps que ne le pourrait faire un corps d’avant-garde.

C’est au moyen d’une puissante cavalerie qu’il convient le mieux de recueillir les corps avancés lorsqu’ils se replient devant l’ennemi. C’est ce qui explique pourquoi l’on place généralement la réserve de cette