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les forces armées.

plus le corps avancé est éloigné, moins il est soutenu par l’armée et plus, par conséquent, sa résistance perd d’intensité, il en résulte en somme que le mouvement de retraite est relativement d’autant plus rapide que le corps avancé est plus éloigné.

Quant à la grande influence que doit exercer sur la prolongation et l’intensité de la résistance d’un corps avancé, la certitude qu’il peut avoir d’être vigoureusement soutenu en cas de besoin et d’être recueilli au moment nécessaire, cela ne saurait faire un doute, car il va de soi que moins ce corps aura à veiller à sa sécurité personnelle et plus il aura la libre disposition de l’intégralité de ses forces.

Alors que l’ennemi n’attaque les corps couvrants que dans la seconde moitié de la journée, cela constitue déjà en soi un grand avantage et un gain de temps considérable pour la défense. Il est rare, en effet, qu’une attaque commencée trop tard pour réussir dans la même journée puisse continuer pendant la nuit. C’est donc autant d’heures nouvelles gagnées par l’armée attaquée pour les dispositions qu’elle a à prendre. C’est ainsi qu’il arriva, en 1815, que l’armée prussienne put disposer de plus de 24 heures pour effectuer sa concentration, lorsque, sur le faible parcours de Charleroy à Ligny, 2 milles (18 kilomètres) à peine, le 1er corps de cette armée, fort de 30 000 hommes sous les ordres du général Ziethen, opposa une si longue résistance à la marche des 120 000 hommes de Bonaparte. Le général Ziethen fut attaqué, en effet, le 15 juin vers 9 heures du matin, tandis que la bataille de Ligny ne commença que le 16 vers 2 heures de l’après-midi. Il est vrai que le corps du général Ziethen paya chèrement cette belle résistance, car il perdit dans cette circonstance de 5 à 6 000 hommes en tués, blessés ou prisonniers.

Les résultats suivants, fournis par l’expérience,