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les forces armées.

lequel l’action se passe et du degré de proximité des secours sur lesquels un corps avancé peut compter, que dépend la durée de la résistance effective qu’il peut opposer à une attaque de front ou à un commencement de mouvement tournant. Dans toutes les circonstances où cette résistance dépassera la mesure naturelle, que ce soit le fait de l’incapacité du commandement ou celui d’un dévouement héroïque nécessaire au salut de l’armée, il en résultera toujours d’énormes pertes pour le corps avancé. Ce ne sera donc que dans les cas les plus rares, alors seulement qu’une coupure considérable du terrain en donnera exceptionnellement l’occasion, qu’il pourra y avoir quelque intérêt à laisser un corps avancé prolonger sa résistance de pied ferme au delà des limites que nous venons d’indiquer ; encore cette prolongation de résistance partielle n’amènera-t-elle le plus généralement qu’un gain de temps presque inappréciable, seul résultat cependant que l’on puisse se proposer en agissant ainsi.

Normalement et rationnellement il ne faut donc chercher à maintenir l’ennemi et à le retarder dans ses approches que par les trois moyens suivants :

1o En provoquant sa circonspection, et par conséquent la lenteur de sa marche.

2o En prolongeant autant que la prudence le permet, mais jamais plus, la résistance de pied ferme.

3o En n’exécutant la retraite qu’aussi lentement que possible.

Cette retraite devra être aussi lente et aussi mesurée que le permettra la sécurité des troupes qui l’exécuteront. Celles-ci devront se reformer et renouveler la lutte de pied ferme sur toutes les positions qu’elles rencontreront sur la ligne de retraite, ce qui forcera l’ennemi à prendre de nouvelles dispositions d’attaque et de manœuvre, et le retardera d’autant dans sa marche. Il