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les forces armées.

comme par exemple quand elle est cantonnée, un corps permanent d’avant-garde ne l’abrite efficacement que si l’espace qui le sépare lui-même de l’ennemi est relativement considérable. C’est pour cette raison que jadis le service de sûreté des quartiers d’hiver reposait, la plupart du temps, sur des cordons d’avant-postes.

Quant à la nature même du sol, il va sans dire que là, par exemple, où une forte coupure de terrain fournit l’occasion de constituer une ligne solide d’avant-postes en n’y consacrant relativement qu’un petit nombre d’hommes, on ne doit pas négliger d’en tirer parti.

Enfin, dans les quartiers d’hiver, la rigueur de la saison crée de nouveaux motifs de répartir les troupes de l’avant-garde en un nombre plus ou moins grand de postes avancés, ce qui permet de les abriter plus facilement que lorsqu’elles restent en ordre concentré.

C’est dans la campagne d’hiver que fit l’armée anglo-hollandaise dans les Pays-Bas, en 1791-1795, que se rencontre l’emploi le plus parfait d’une ligne fortifiée de postes avancés.

Composée de brigades formées en combinaison des trois armes, cette ligne de défense consistait en une série de postes isolés soutenus par une réserve générale. Scharnhorst, qui prit part à cette campagne, introduisit cet usage dans l’armée prussienne en 1807 sur la Passarge, dans la Prusse orientale ; mais cet exemple a été rarement suivi dans les guerres modernes.

Cela tient sans doute à ce que ces guerres ont été trop mouvementées. Il s’est néanmoins présenté des cas où le pouvant faire on a négligé d’agir ainsi, comme, entre autres, Murat à Taratino, alors qu’il perdit une trentaine de bouches à feu dans un combat d’avant-postes, ce qui ne lui serait vraisemblablement pas arrivé s’il eût donné plus d’étendue à sa ligne de défense.