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chap. vii. — avant-gardes et avant-postes.

se dirigeait sur l’Elbe. Chacune des deux armées se composait de trois corps marchant généralement en trois colonnes sur des routes voisines les unes des autres. C’est là ce qui explique qu’on ne trouve aucune trace de l’emploi d’une avant-garde dans les rapports d’opérations.

Mais hâtons-nous de dire ici, que c’est précisément en partie parce qu’elle rend illusoire l’emploi généralement si profitable d’un corps spécial d’avant-garde, que cette formation sur trois colonnes d’égales forces est peu recommandable. Cet ordre de marche n’alourdit pas moins l’armée que ne le fait son partage général en trois grandes subdivisions de premier ordre, manière de procéder dont nous avons déjà fait ressortir les mauvais côtés au chapitre V du livre de la Stratégie.

Nous avons dit, dans le chapitre précédent, que lorsque des circonstances spéciales ne s’y opposent pas, la formation en ligne la plus rationnelle et la plus simple d’une armée, est celle où elle présente un corps de bataille central isolé de ses deux ailes. Comme conséquence, le corps d’avant-garde, par le fait même qu’il précède le corps de bataille, devrait naturellement aussi se trouver placé plus en avant que les corps latéraux. Or comme les corps latéraux ont, en principe, à remplir pour les ailes la même mission que l’avant-garde pour le centre, il arrive très fréquemment que tous trois se trouvent dans le même éloignement de l’armée, et parfois même qu’en raison des circonstances, les corps latéraux sont poussés plus en avant que le corps spécial d’avant-garde.

Quant à la force de l’avant-garde, nous n’avons que peu de chose à en dire, par la raison qu’il est aujourd’hui universellement admis, et cela très rationnellement, que l’avant-garde doit se composer d’un ou de plusieurs des éléments de premier ordre de l’armée,