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les forces armées.

car il s’exposerait inévitablement ainsi à être aussitôt attaqué sur ses flancs ou sur ses derrières.

Or, si cette contrainte qu’inspire à l’adversaire un corps détaché en avant du centre du corps de bataille, ne suffit pas à assurer dans tous les cas la sécurité des ailes, il est évident qu’elle détourne du moins de celles-ci une quantité d’éventualités qu’elles n’ont par conséquent plus à redouter.

C’est par ces motifs qu’un corps détaché en avant du centre du corps de bataille, alors qu’il est vigoureusement constitué et de beaucoup supérieur aux corps couvrants des ailes, tient en quelque sorte lieu d’un corps spécial d’avant-garde, et n’a plus pour signification unique de garantir les troupes qu’il précède contre la soudaineté des attaques, mais bien encore de concourir, comme corps avancé, au plan stratégique général.

En effet, employé chaque fois selon les vues que l’on se propose, un corps avancé aussi fortement constitué peut conduire aux résultats suivants :

1o  Il oppose, dès le principe, une résistance bien autrement sérieuse que ne le ferait une simple avant-garde aux approches de l’ennemi, et, rendant ainsi ce dernier beaucoup plus circonspect dans l’exécution de ses mouvements, procure, en cas de besoin, beaucoup plus de temps à l’armée pour prendre les dispositions de combat que peut comporter l’action qui va s’engager.

2o  Il permet, lorsque le corps de bataille se compose de masses très nombreuses et par conséquent peu maniables, de porter ces masses plus en arrière, tout en laissant dans le voisinage de l’ennemi un corps suffisamment fort et essentiellement mobile.

3o  Il peut suffire au service d’observation lorsque, pour une raison ou pour une autre, on est dans la né-