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chap. vii. — avant-gardes et avant-postes.

bataille, qui, par suite de la disposition accidentelle des routes, se trouvent momentanément marcher dans un trop grand éloignement des colonnes voisines. Il y aura donc, en somme, autant d’avant-gardes particulières que de fractions de l’armée s’avançant isolément les unes des autres.

Or plus le nombre de ces avant-gardes particulières grandit, et plus elles deviennent numériquement faibles et rentrent dans la catégorie des dispositions tactiques. Il pourrait donc arriver, à un moment donné, que le général en chef ne disposât plus directement d’une avant-garde assez puissante pour assurer son plan stratégique, si, par trois motifs que nous allons indiquer tout à l’heure, on ne couvrait pas toujours le centre du corps de bataille par des forces relativement si considérables qu’elles peuvent, sous bien des rapports, tenir lieu d’une avant-garde générale. En donnant ainsi au centre du corps de bataille une avant-garde très supérieure à celle que l’on donne aux ailes, on obéit aux trois motifs suivants :

1o C’est généralement au centre que s’avance la masse de troupes la plus considérable.

2o Le centre de la ligne de bataille en est manifestement le point le plus important, en ce sens que la plupart des projets y concourent, et qu’il est généralement beaucoup plus rapproché que les ailes du centre de l’action pendant la lutte.

3o Bien qu’un corps ainsi détaché en avant du centre du corps de bataille, ne soit pas en mesure de protéger les ailes de l’armée aussi directement que le pourrait faire un corps spécial d’avant-garde, il les couvre néanmoins d’une façon indirecte très sensible.

L’ennemi, par exemple, s’il veut entreprendre quelque chose d’important sur l’une ou l’autre aile, n’osera certainement pas passer à proximité de ce corps avancé.