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les forces armées.

7orépartir les troupes en raison des circonstances et des besoins.


Ces circonstances et ces besoins sont de deux sortes ; ils sont particuliers ou généraux. Nous ne nous occuperons des premiers qu’au fur et à mesure qu’ils se présenteront à nous au courant de cet ouvrage. Nous ne traitons aujourd’hui la question qu’au point de vue général.

Pour satisfaire au premier besoin général, on couvre l’armée par une avant-garde en même temps que l’on fait observer l’ennemi par des postes avancés, par des patrouilles et par des reconnaissances. On obéit au second besoin général en formant des réserves qui, particulièrement lorsqu’il s’agit d’armées très fortes, doivent être tenues à une distance de plusieurs lieues en arrière, et présenter par conséquent une formation tout à fait indépendante.

Enfin il faut généralement couvrir les deux ailes de l’armée par des corps de troupe ayant pareillement une formation indépendante. On ne saurait toutefois conclure de ce que nous venons de dire qu’une partie de l’armée devrait être employée à défendre l’espace qui s’étend en dehors de ses ailes, dans l’intention d’interdire à l’ennemi l’abord de ces prétendus points faibles. Cette manière de présenter les choses, quelque générale qu’elle soit, est vraiment absurde. Que l’on porte, en effet, tant de troupes que l’on pourra à la gauche ou à la droite d’une armée, on ne remédiera en rien en agissant ainsi au prétendu danger que l’on veut y trouver, car on n’arrivera jamais à ce que cette armée n’ait pas d’ailes. D’ailleurs les ailes d’une armée n’en constituent nullement des parties faibles par le fait seul qu’elles sont des ailes, car l’armée ennemie en a forcément aussi et ne peut, par conséquent,