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chap. v. — ordre de bataille de l’armée.

uniquement ici, en effet, de commander dans le sens propre du mot, — sans quoi une armée pourrait se composer d’autant de divisions qu’une compagnie peut avoir de soldats, et manœuvrer et s’administrer avec la même facilité, — le commandement en chef a, en outre, à faire maintes recherches et à prendre maintes dispositions, ce qui peut encore se produire pour 8 ou 10 divisions, mais deviendrait extrêmement difficile pour 12 ou 15.

Par contre, lorsqu’il ne s’agira que du fractionnement intérieur d’une division, alors surtout que dans le sens absolu du mot elle sera d’un faible effectif, ce qui laissera tout d’abord supposer qu’elle fait partie d’un corps d’armée, il sera très opportun de ne la fractionner qu’en un nombre moins grand de parties constitutives, quatre par exemple, et même seulement trois au besoin. Il serait peu rationnel, en effet, de fractionner une division en 6 ou 8 parties, par la raison qu’elle ne disposerait plus alors que de moyens insuffisants pour la prompte exécution des ordres.

Ainsi donc, selon nous, une armée ne doit jamais se composer de moins de 5 grandes subdivisions et jamais de plus de 10, tandis que le nombre des parties constitutives d’une division ne doit varier que de 4 à 5. Quant au fractionnement des corps d’armée, il tient le milieu entre celui de l’armée elle-même et celui des divisions, et la question de savoir s’il convient d’en créer et, dans ce cas, quelle force ils devront avoir, dépend uniquement du résultat des deux premières combinaisons.

Dans une armée de 200 000 hommes, fractionnée en 10 divisions subdivisées chacune en 5 brigades, chaque brigade présenterait un effectif de 4 000 combattants. Dans de telles conditions cette armée pourrait très normalement n’être fractionnée qu’en divisions. On pourrait, il est vrai, fractionner très normalement aussi cette armée en 5 grands corps, en donnant 4 divisions à