Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
les forces armées.

comme toujours, doit être supposé le moins fort des deux adversaires, ne soit pas en situation de recourir à l’emploi des milices et à l’armement national, il est certain que le plus court moyen qui se présentera à lui de remédier à la faiblesse de son armée, sera d’en augmenter l’artillerie. Il obviera ainsi à l’insuffisance d’hommes en grandissant le principe destructeur du feu, le plus essentiel de tous. D’ailleurs la défense est toujours limitée à un théâtre de guerre restreint, et l’artillerie est l’arme qui se prête le mieux à cette condition. C’est là le moyen auquel le grand Frédéric eut recours dans les dernières années de la guerre de Sept Ans.

3o La cavalerie est l’arme du mouvement et des grandes décisions. Alors donc que l’on voudra porter la guerre sur de vastes espaces, agir par des pointes lointaines et frapper de grands coups, sa prédominance dans le rapport des armes aura une grande importance.

Quand nous traiterons spécialement de chacun des deux modes d’action de la guerre, nous ferons voir plus clairement que le fait d’agir offensivement ou défensivement n’a en soi aucune influence sur la fixation du chiffre de la cavalerie dans le rapport numérique des armes. Nous nous bornerons ici à faire remarquer, ainsi que la campagne de 1812 en donne l’exemple, qu’il peut parfaitement se présenter que les adversaires soient l’un et l’autre en situation de parcourir et de fouiller les mêmes grandes étendues d’espace, et dans maintes circonstances, de se promettre des résultats aussi décisifs.

Généralement on exprime l’opinion qu’au moyen âge la cavalerie avait une supériorité numérique très grande sur l’infanterie, et que ce n’est que peu à peu que cette proportion a diminué pour en arriver enfin à ce qu’elle