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les forces armées.

manque absolument d’indépendance, tandis que l’infanterie est l’arme qui en possède le plus.

2o  Dans leur action réunie, le rôle le plus important échoit à l’infanterie, le moins indispensable à la cavalerie.

3o  L’action réunie des trois armes est celle qui produit la plus grande somme de force.

Ce dernier axiome étant accepté, on demandera naturellement quelle est, d’une manière absolue, la meilleure proportion qu’il convient de donner aux trois armes dans leur action réunie. Il est presque impossible de répondre à cette question.

En effet, pour fixer cette proportion d’une façon tout à fait abstraite, il faudrait préalablement rechercher ce que coûte matériellement à l’État l’organisation et l’entretien des trois armes, et quelle est la portion de l’effet destructeur général qui revient à chacune d’elles dans leur application à la guerre. On aurait ainsi le premier terme de la proportion cherchée. Mais si la dépense d’argent, le sacrifice matériel, premier facteur de ce premier terme, est facile à fixer, il n’en est pas de même du second, et comme d’ailleurs ce second facteur devrait exprimer la dépense de sang répandu ainsi que le chiffre des vies humaines sacrifiées, personne ne basera volontiers son calcul sur de pareilles données.

Il est, du reste, des conditions matérielles qui s’imposent foncièrement aussi dans la question. L’effectif de l’infanterie est particulièrement subordonné au chiffre de la population, celui de la cavalerie à la production chevaline, de même que le matériel de l’artillerie est limité par les ressources budgétaires de l’État. L’étude générale de l’histoire montre clairement que ces conditions ont prévalu à diverses époques et chez différents peuples.

Alors même qu’il serait possible de fixer d’une façon