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chap. iv. — proportion des armes.

se trouverait, cela va sans dire, dans une situation incommode ; cependant si ce qui lui manque de cavalerie était compensé par une quantité proportionnelle d’infanterie, elle arriverait, en somme, en changeant quelque peu son mode d’action, à se constituer une économie tactique propre. Il est certain que la surveillance forcément restreinte des avant-postes de cette armée lui causerait d’assez sérieux embarras, qu’elle manquerait de la vigueur nécessaire dans la poursuite de l’ennemi battu, et que, contrainte à un mouvement rétrograde, elle ne pourrait l’effectuer qu’au prix de peines et d’efforts plus grands, mais toutes ces difficultés ne suffiraient pas à la mettre hors d’état de tenir la campagne. Par contre, son rôle deviendrait aussitôt plus facile si elle n’avait devant elle qu’une armée composée d’infanterie et de cavalerie, tandis qu’il est à peine possible de concevoir comment une armée uniquement composée d’infanterie et de cavalerie pourrait tenir la campagne contre les trois armes réunies.

Il faut que l’on comprenne bien que nous ne tirons ces conclusions de l’importance individuelle des trois armes, que de l’ensemble même de la guerre et de l’enchaînement de tous les cas qui s’y présentent. On ne saurait donc se proposer d’appliquer ces vérités générales à chaque situation individuelle d’un combat isolé. Un bataillon placé en avant-poste ou chargé de couvrir la retraite sera parfois mieux soutenu par un escadron que par quelques canons, de même que de l’infanterie ne saurait apporter aucune aide à une masse de cavalerie et d’artillerie à cheval chargée de poursuivre et détourner l’ennemi dans sa fuite.


En résumant l’ensemble de ces considérations nous arrivons aux axiomes suivants :

1o Dans l’action isolée des trois armes, l’artillerie