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chap. i. — de la stratégie.

notre manière de voir, chacun des plus importants éléments, matériels ou moraux, de la stratégie, pour terminer, enfin, par l’exposition du plan de guerre et de campagne, c’est-à-dire par l’acte de guerre dans son entier.


Note. — Dans un manuscrit à peine ébauché du remaniement du commencement de cet ouvrage, on a trouvé les notes suivantes de la main du général Clausewitz.


Les combats rendus possibles doivent, en raison de leurs conséquences, être considérés comme des combats réels.


En formant des troupes sur un point, on ne fait que rendre un combat possible sur ce point, et il n’arrive pas toujours que le combat se produise réellement. Or lorsque le combat n’a pas lieu, le fait seul de l’avoir rendu possible constitue déjà une réalité, un fait acquis qui aura immanquablement ses conséquences.

Alors que nous envoyons une partie de nos troupes fermer la retraite à l’ennemi en fuite, et que celui-ci, sans plus combattre, met bas les armes, il est clair que ce n’est que la crainte seule du combat que nous lui offrons ainsi, qui le porte à cette détermination.

De même, lorsque, pour priver l’ennemi des ressources de toutes sortes qu’il peut tirer d’une province laissée par lui sans défense, nous faisons occuper cette province par l’un de nos corps d’armée, si l’ennemi nous en laisse en possession, ce n’est, évidemment, que parce qu’il n’ose affronter le combat qu’il lui faudrait livrer pour nous en chasser.

Dans l’un comme dans l’autre cas nous avons atteint notre but ; la possibilité seule du combat a donc eu ses conséquences ; elle a produit un résultat réel. L’ennemi eût pu, il est vrai, opposant à nos troupes des forces supérieures, les déterminer, par là, à se retirer sans combattre ; nous eussions alors manqué notre but, mais le combat offert ayant attiré et détourné, d’autre part, une partie considérable des forces ennemies, ne fût cependant pas resté sans effet. Si, enfin, l’entreprise eût absolument tourné à notre désavantage, la formation prise, le combat rendu possible eût, néanmoins encore, eu ses conséquences, qui, dans ce cas, eussent été, pour nous, semblables à celles d’un combat perdu.

On voit ainsi que c’est par les effets seuls des combats que se peuvent