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le combat.

Cette manière d’agir se prêtait aux opérations de nuit. Elle a disparu dans les dernières guerres, et moins indépendantes désormais sous le rapport de l’entretien et du campement, les armées opposées laissent généralement entre elles aujourd’hui la distance d’un jour de marche.

De tout ce que nous venons d’exposer il faut conclure que l’on ne doit recourir à l’attaque de nuit d’une armée entière que dans les circonstances exceptionnelles suivantes :

1o  Alors qu’on y est particulièrement encouragé par l’imprudence ou par la témérité de l’ennemi. Encore faut-il bien prendre garde que ces défauts ne soient qu’apparents et ne cachent une grande supériorité morale ;

2o  Alors qu’une panique s’empare de l’ennemi, ou que la valeur morale des troupes dont on dispose est telle, qu’on s’en puisse rapporter à elles-mêmes si la direction vient à leur manquer pendant l’opération ;

3o  Alors que, cerné de tous côtés par une armée supérieure, on n’a d’autre ressource que d’en percer les lignes en portant tous les efforts à la fois sur un même point ;

4o  Lorsqu’on ne dispose que de forces tellement inférieures à celles de l’ennemi, qu’il ne reste d’espoir suprême que dans la réussite de l’action la plus audacieuse.

Enfin, double condition indispensable, il faut encore que dans chacune de ces circonstances on ait l’ennemi sous les yeux et qu’il ne se couvre d’aucune avant-garde.

La plupart des combats de nuit sont dirigés de manière que les approches soient favorisées par l’obscurité et que l’action elle-même soit terminée avant le jour. En procédant ainsi on ne laisse pas à l’adversaire