Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
chap. xii. — moyens d’utiliser la victoire.

Manheim ou à Coblens, il ne fût jamais parvenu à porter sur la rive gauche de ce fleuve, les 30 ou 40 mille hommes qui lui restèrent après avoir gagné cette bataille.

C’est précisément au moyen de petits combats habilement introduits, prudemment conduits, et dans lesquels en restant sur la défensive on se ménage l’appui du terrain, qu’on réussit tout d’abord à relever le moral d’une armée qui vient d’être battue.

On ne saurait se figurer quelle salutaire influence le moindre succès exerce en pareil cas sur les troupes. Ce n’est cependant qu’en se faisant violence, qu’après une grande défaite les généraux prennent cette dernière voie de salut. Ils préfèrent habituellement fuir le danger en s’éloignant de l’ennemi, ce qui ne peut qu’être favorable à celui-ci, et les conduire eux-mêmes à une perte plus certaine ou pour le moins à des dangers plus grands.

Il ne faut pas perdre de vue cependant que nous n’entendons parler ici que de la poursuite de toute une armée battue dans une bataille générale, et non de celle de l’un de ses corps qui, séparé d’elle, s’efforce de la rejoindre. Dans le second cas les rapports sont tout autres, et il n’est pas rare de voir la prudence et la circonspection mener l’opération à bonne fin.

Dans cette course au clocher des deux adversaires vers le plus prochain objectif de la retraite, il est indispensable que tout en marchant avec le gros de son armée parallèlement au vaincu, le vainqueur fasse directement suivre celui-ci par un corps de troupes chargé de recueillir tous les hommes fatigués, blessés ou malades, tous les canons, fourgons et équipages de toutes sortes que la rapidité du mouvement condamne à rester en arrière.

Si, lorsqu’il poursuivit les Français de Waterloo jus-