fussent arrivées plus tôt, elles eussent suffit à intervertir l’ordre des choses ?
Il va de soi qu’il ne saurait être question ici des combats qui n’ont lieu que pour la forme, c’est-à-dire en vue d’amener l’ennemi à dévoiler ses forces ou ses intentions, ou pour lui donner le change. Il est clair, en effet, que dans ces combats on ne recherche aucune décision.
À la demande précédente nous répondons comme suit :
1o Lorsque la possession d’un objet mobile constitue le but du combat, la décision est irrévocable dès que cet objet tombe au pouvoir de l’agresseur.
2o Quand l’attaque vise la conquête d’un point de territoire qui se prête à une forte défensive, la perte de ce point par le défenseur décide pareillement du sort du combat. Au contraire, si le point est facilement accessible il n’y a pas grand inconvénient à le perdre, par la raison qu’on le pourra reprendre sans grande difficulté.
3o Dans toutes les autres circonstances, et surtout quand l’anéantissement des forces armées est le but capital du combat, la décision est irrévocable dès que celui des deux adversaires qui a le dessus sort de l’état de crise, de gêne et de désunion, conséquence à peu près inévitable de l’action de la lutte. Or c’est précisément là le moment, ainsi que nous l’avons démontré au chapitre XII du livre de la stratégie, où l’emploi successif de ses forces cesse d’être avantageux pour le vainqueur, et auquel, par suite, nous avons assigné le point de départ de l’action stratégique dans l’évolution du combat.
Un combat dans lequel les forces de celui des deux adversaires qui progresse ont déjà repris possession d’elles-mêmes ou, mieux encore, ne sont que peu ou point sorties de leur état d’ordre et d’union, doit donc être considéré comme d’autant plus irrévocablement