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chap. iii. — du combat en général.

les arguments suivants : contre un adversaire immobile, une opération habilement combinée produit nécessairement de beaucoup plus grands effets qu’une action directement exécutée ; mais par contre une opération combinée exige plus de temps qu’une action directe et demande dans ses préparatifs, à ne pas être troublée par une contre-attaque. En effet, si pendant l’exécution d’une opération combinée dirigée contre lui l’adversaire, au lieu de rester immobile, se décide à porter lui-même un coup plus simple et plus rapide, il gagne l’avance et jette le trouble dans l’opération. Dans toute action combinée il faut donc sans cesse tenir compte du danger qu’elle comporte d’être ainsi interrompue et devancée, et par conséquent n’y avoir recours ou n’y persévérer qu’autant qu’on n’a pas à craindre d’être surpris par un contre-mouvement plus promptement exécuté. En d’autres termes, plus l’adversaire se montre ardent et résolu, et plus il convient, renonçant aux combinaisons artificielles étendues, d’entrer dans la voie des mouvements simples et directs, pour y avoir enfin uniquement recours dès que les circonstances, le caractère et la situation de l’ennemi le rendent nécessaire.

Notre pensée n’est donc pas que le choc direct soit le meilleur, mais qu’il faut cependant apporter une extrême circonspection dans l’étendue à donner aux attaques combinées, et que plus on reconnaît d’esprit de résolution et de hardiesse chez l’adversaire, plus il convient de recourir à l’action directe et d’enchérir même sur lui à ce propos.

Si nous recherchons maintenant à quel sentiment déterminant obéit l’esprit dans le choix de l’un ou de l’autre de ces procédés, nous trouvons que généralement la prudence incite aux opérations combinées, tandis que la hardiesse porte à l’action directe. Or bien qu’à