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claudine à l’école

Bellhomme, toujours de bonne foi, s’exclame : « Mais tu sais bien qu’on a déjà fait de la géométrie ce matin ! Et puis celui-là a l’air trop difficile, je n’ai pas écrit la moitié de ce que tu as dit. »

Les jumelles roulent quatre yeux défiants. Je continue, impassible :

À l’identique automne les courbes s’homologuent,
Analogue ta douleur aux longs soirs d’automne,
Et détonne la longue courbe des choses et les brefs sautillements.

Elles suivent péniblement, sans plus chercher à comprendre, et j’éprouve une satisfaction bien douce à entendre Marie Belhomme se plaindre encore et m’arrêter : « Attends donc, attends donc, tu vas trop vite… La lente courbe des quoi ? »

Je répète : « La lente courbe des choses et les brefs sautillements… Maintenant recopiez-moi ça en ronde d’abord, et en bâtarde après. »

C’est ma joie, ces leçons d’écriture supplémentaires, à dessein de satisfaire aux examens de la fin de juillet. Je dicte des choses extravagantes, et j’ai un grand plaisir à entendre ces filles d’épiciers, de cordonniers et de gendarmes réciter et écrire docilement des pastiches de l’École romane, ou des berceuses bredouillées par M. Francis Jammes, tout ça recueilli à l’intention de ces chères petites camarades, dans les revues et les bouquins que reçoit papa, et il en reçoit ! Depuis la Revue des Deux-Mondes jusqu’au Mercure de France