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claudine à l’école

— Quelles choses ?

— Eh bien ! Elle me disait : « Ma chère petite, vous ne voyez donc pas que vous me crevez le cœur avec votre indifférence ? Oh ! ma chère mignonne, comment ne vous êtes-vous pas aperçue de la grande affection que j’ai pour vous ? Ma petite Aimée, je suis jalouse de la tendresse que vous témoignez à cette Claudine sans cervelle qui est sûrement un peu détraquée… Si vous vouliez seulement ne pas me détester, oh ! si vous vouliez seulement m’aimer un peu, je serais pour vous une amie plus tendre que vous ne pouvez l’imaginer… » Et elle me regardait jusqu’au fond de l’âme avec des yeux comme des tisons.

— Vous ne lui répondiez rien ?

— Bien sûr ! Je n’avais pas le temps ! Elle disait encore : « Croyez-vous que ce soit bien utile pour elle et bien gentil pour moi, ces leçons d’anglais que vous lui donnez ? Je sais trop que vous ne faites guère d’anglais pendant les leçons, et ça me déchire de vous voir partir chaque fois ! N’y allez pas, n’y allez plus ! Claudine n’y pensera plus au bout d’une semaine, et je vous donnerai plus d’affection qu’elle n’est capable d’en éprouver ! » Je vous assure, Claudine, je ne savais plus ce que je faisais, elle me magnétisait avec ses yeux fous et tout à coup, la chambre tourne autour de moi, et ma tête chavire, et je n’ai plus rien vu pendant deux ou trois secondes, pas plus ; j’entendais seulement qu’elle répétait tout effrayée. « Mon Dieu !