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claudine à l’école

vres, jeudi prochain, et serrer sa ceinture de cuir, et roucouler en chantant !

— Comment ? Mais je n’en savais rien du tout ! Mlle Sergent ne nous en a pas dit un mot.

— Oh ! je n’aurais pas dû le dire, peut-être ? Soyez assez bonne pour feindre de l’ignorer !

Il me supplie, avec des effets de torse, et moi je secoue la tête pour chasser des boucles qui ne me gênent pas du tout. (Ce semblant de secret entre nous deux le met en joie, et va lui servir de thème à des coups d’œil d’intelligence, d’intelligence très ordinaire). Il se retire, portant beau, avec un adieu déjà plus familier. « Adieu, Mademoiselle Claudine. — Adieu, Monsieur. »

Midi et demi, les élèves arrivent, et toujours pas d’Aimée ! Je refuse de jouer sous prétexte de migraine, et je me chauffe.

Oh ! oh ! Qu’est-ce que je vois ? Les voilà qui sont descendues, Aimée et sa redoutable supérieure ; elles sont descendues et traversent la cour, et la Rousse a passé le bras de Mlle Lanthenay sous le sien, événement inouï ! Mlle Sergent parle, et très doucement, à son adjointe, qui, encore un peu effarée, lève des yeux déjà rassurés et jolis vers l’autre bien plus grande qu’elle. Le spectacle de cette idylle tourne mon inquiétude en chagrin. Avant qu’elles soient tout près de la porte, je me précipite dehors au milieu d’une folle partie de loup, en criant : « Je joue ! » comme je crierais « au feu ! » Et jusqu’à l’heure où l’on sonne la