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claudine à l’école

sortez vos livres et vos cahiers, nous allons être forcées de nous réfugier à l’école maternelle, provisoirement.

Aussitôt toutes les gamines s’agitent comme si le feu était à leurs bas ; on se pousse, on se pince, on remue les bancs, les livres tombent, nous les empilons dans nos grands tabliers. La grande Anaïs me regarde prendre ma charge, portant elle-même son bagage dans ses bras, puis elle tire lestement le coin de mon tablier et tout croule… Elle conserve son air absent et considère attentivement trois maçons qui se lancent des tuiles dans la cour. On me gronde, pour ma maladresse, et, deux minutes après, cette peste d’Anaïs recommence la même expérience sur Marie Belhomme qui, elle, s’exclame si bruyamment qu’elle reçoit quelques pages d’histoire ancienne à copier. Enfin notre meute bavardante et piétinante traverse la cour et entre à l’école maternelle. Je fronce le nez : c’est sale, nettoyé à la hâte pour nous, ça sent encore l’enfant mal tenu. Pourvu que ce « provisoire » ne dure pas trop longtemps !

Anaïs a posé ses livres et s’est assurée immédiatement que les fenêtres donnent sur le jardin de l’instituteur. Moi je n’ai pas le temps de contempler les sous-maîtres, trop inquiète des ennuis que je pressens.

Nous retournons à l’ancienne classe, avec le bruit d’un troupeau de bœufs échappés, et nous transportons les tables, si vieilles, si lourdes, que