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claudine à l’école

je n’ai pas la tête à ce que je fais. Qu’elles sont vite réprimandées d’un geste sec de la main ou d’un froncement de sourcils, les petites bourdes que je m’accorde ! Enfin je m’en tire et reviens à ma place, emportant un : « Pas de traits d’esprit ici, n’est-ce pas ? », parce qu’à son observation : « Vous oubliez d’abaisser les zéros », j’ai répondu :

— Il faut toujours abaisser les zéros, ils le méritent.

Après moi, Marie Belhomme vient au tableau et accumule des énormités de la meilleure foi du monde, selon son habitude ; volubile et sûre d’elle quand elle patauge, indécise et rouge quand elle se souvient à peu près de la leçon précédente.

La porte de la petite classe s’ouvre, Mlle Lanthenay entre. Je la regarde avidement : oh ! les pauvres yeux dorés qui ont pleuré et sont gonflés en dessous, les chers yeux qui me lancent un regard effaré et se détournent vite ! Je reste consternée ; mon Dieu qu’est-ce qu’Elle a bien pu lui faire. J’ai rougi de colère, de telle façon que la grande Anaïs le remarque et ricane tout bas. La dolente Aimée a demandé un livre à Mlle Sergent qui le lui a donné avec un empressement marqué et dont les joues sont devenues d’un carmin plus sombre. Qu’est-ce que tout ça veut dire ? Quand je pense que la leçon d’anglais n’a lieu que demain, je m’angoisse davantage. Mais quoi ? Je ne peux rien faire. Mlle Lanthenay rentre dans sa classe.

— Mesdemoiselles, annonce la mauvaise rousse,