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claudine à l’école

Peu à peu, le feu se décide, les élèves arrivent Mlle Sergent est en retard (pourquoi ? c’est la première fois). Elle descend enfin, nous répond « Bonjour » d’un air préoccupé, puis s’assied à son bureau en nous disant « À vos places » sans nous regarder, et visiblement sans penser à nous. Je copie mes problèmes en me demandant quelles pensées la travaillent et je m’aperçois avec une surprise inquiète qu’elle me lance de temps en temps des regards rapides, à la fois furieux et vaguement satisfaits. Qu’est-ce qu’il y a donc ? Je ne suis pas tranquille du tout, du tout. Voyons que je me rappelle… Je ne vois rien, sinon qu’elle nous a regardées partir pour notre leçon d’anglais, Mlle Lanthenay et moi, avec une colère presque douloureuse, à peine dissimulée. Ah ! la, la, la, la, on ne nous laissera donc pas tranquilles, ma petite Aimée et moi ? Nous ne faisons rien de mal, pourtant ! Notre dernière leçon d’anglais a été si douce ! Nous n’avons pas même ouvert le dictionnaire, ni le « choix de phrases usuelles » ni le cahier…

Je songe et je rage en copiant mes problèmes, d’une écriture échevelée ; Anaïs me guette en dessous et devine qu’il y a « quelque chose ». Je regarde encore cette terrible rousse aux yeux jaloux, en ramassant le porte-plume que j’ai jeté à terre avec une heureuse maladresse. Mais, mais elle a pleuré, je ne me trompe pas ! Alors pourquoi ces regards encolérés et presque contents ? Ça ne