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claudine à l’école

tendons demander : « On travaille bien, ici ? on se porte bien ? »

— On se porte fort bien, répond Mlle Sergent, mais on travaille assez peu. Ces grandes filles sont d’une paresse !

Aussitôt que nous avons vu le beau docteur se tourner vers nous, nous nous sommes penchées sur nos cahiers, avec un air appliqué, absorbé, comme si nous oubliions soudainement sa présence.

— Ah ! Ah ! fait-il en s’approchant de nos bancs, on ne travaille pas beaucoup ? Quelles idées a-t-on en tête ? Est-ce que Mlle Claudine ne serait plus la première en composition française ?

Ces compositions françaises, je les ai en horreur ! Des sujets stupides et abominables : « Imaginez les pensées et les actions d’une jeune fille aveugle » (Pourquoi pas sourde-muette en même temps ?) Ou encore : « Écrivez, pour faire votre portrait physique et moral, à un frère que vous n’avez pas vu depuis dix ans ». (Je n’ai pas la corde fraternelle, je suis fille unique.) Non, ce qu’il faut que je me retienne pour ne pas écrire des blagues et des conseils subversifs, on n’en saura jamais rien ! Mais quoi, mes camarades — sauf Anaïs — s’en tirent si mal, toutes, que je suis, malgré moi, « l’élève remarquable en composition littéraire ».

Dutertre en est venu là où il souhaitait en venir, et je lève la tête pendant que Mlle Sergent lui répond :